Devise du clan Korsnovic : Famille, honneur, sincérité, loyauté.
Le clan Korsnovic (Klana Korsnovići en Harponneur, ou K) est le clan ayant régné sur la région de Preeton de 1880 à 1909, formant l’état connu sous le nom de Ville franche de Preeton durant cette période.
Le clan Korsnovic est réputé pour ses assassins d’élite, les Pouzdani Ubice qui ont révolutionné le crime moderne, jusqu’à défier les forces spéciales de l’armées impériale et ériger le clan en tant que maître de Preeton. Les Pouzdani Ubice, surnommés « manteaux noirs » en raison de leur uniforme distinctif, sont spécialisés dans la guerrilla urbaine et le combat asymétrique, leur conférant un avantage-clé lors de la guerre d’indépendance de Preeton de 1880 et la guerre des Éventreurs.
Le clan Korsnovic est une autocratie gouvernée par la Matriarche depuis les quartiers généraux du clan situés au Manoir Korsnovic à Preeton.
Pouzdani Ubice
Les Pouzdani Ubice (Pouzdan Ubica au singulier, abrégé Ubice ou Ubica), traduit comme « tueurs honnêtes » depuis le Harponneur de Perje, sont la figure de proue du clan Korsnovic. Il s’agit de la plus haute distinction possible donnée à un membre du clan, et l’élève en qualité de membre de la famille Korsnovic par le sang versé. De ce fait, un Pouzdan Ubica représente les valeurs et les intérêts du clan. Ce titre est donné exclusivement aux assassins qui ont prouvé leur valeur durant de nombreuses années et maîtrisent à la perfection au moins deux domaines d’application, alliant expertise pratique comme théorique. Les Pouzdani Ubice sont ainsi capables de résoudre des situations complexes et dangereuses en quelques secondes et en toute autonomie.
Chaque Pouzdan Ubica est tenu de suivre à la lettre le Code éponyme, sous peine de sanctions lourdes, allant jusqu’à l’excommunication et l’exécution.
La hiérarchie du clan se définit comme suit :
La Matriarche du clan (ou Matrijarh), représentant le clan ;
La Famille Korsnovic, ou les Korsnovic de nom, ambassadeurs du clan et généraux ;
Pouzdani Ubice, commandants et supérieurs hiérarchiques ;
Assassins du clan, spécialistes ;
Assassins novices ou en formation ;
Auxiliaires, non membres du clan.
Code des Pouzdani Ubice
Le Code des Pouzdani Ubice est le seul texte qui fait loi au sein du clan Korsnovic. Il se décompose en 33 articles et régit les contrats d’assassinat, la discipline au sein du clan, les règles d’engagement en contrat ainsi que le traitement des civils et prisonniers de guerre. Le Code semble avoir été transmis de génération en génération au sein de la famille Korsnovic depuis le XVe siècle.
La dernière révision du Code a été établie en 1880 par la Matriarche, traduit du Harponneur de Perje. Le nombre de versions est inconnu, tout comme la teneur des articles postérieurs à l’arrivée du clan à Preeton.
Tout membre du clan se doit de suivre le Code des Pouzdani Ubice, peu importe son rang.
Par extension, les alliés du clan sont tenus de suivre le Code des Pouzdani Ubice sous peine de voir ladite alliance caduque.
Tout individu a droit d’audience avec le clan. Cette audience est supervisée par l’aîné des Pouzdani Ubice présents, à défaut par le membre du clan à la plus haute hiérarchie.
Une audience est pacifique de son début à sa fin. Est nommée début d’audience l’instant où l’auditionné et les membres du clans sont présents à portée de regard. Est nommée fin d’audience l’instant où l’audité rend visible une arme, à quelconque partie que ce soit, ou lorsque les deux parties se séparent pacifiquement.
Lors d’une audience, le clan est chargé d’écouter activement les doléances de l’auditionné, et si l’auditionné en fait la demande écrite ou orale, de trouver une solution.
La solution d’une audience est formulée par le clan et doit se trouver dans les meilleurs intérêts du clan et si possible dans les intérêts du client.
La solution d’une audience ne peut porter atteinte à un autre membre du clan, quel que soit son rang.
Lorsqu’une solution est formulée, elle est scellée sur parchemin en tant qu’accord d’honneur, et adressée en deux exemplaires : l’un à l’auditionné, l’autre au clan. Cette solution est appelée contrat.
Toute modification ou annulation du contrat sans autorisation des deux parties est considérée comme nulle et non avenue. Pour modifier ou annuler un contrat, une audience ultérieure est obligatoire. Cette audience devra présenter une solution et un contrat respectant l’article 6.
Si une durée d’exécution de la solution n’est pas définie, elle est considérée comme indéfinie jusqu’à rupture du contrat.
Un membre du clan est tenu d’user tous les moyens possibles pour atteindre la solution, sauf si ces moyens sont contre l’article 6, 23 et 26.
Un contrat est ultimement rompu sur la mort de l’une ou de l’autre des parties du contrat, mais ne doit pas provenir directement ou indirectement de l’une ou de l’autre partie du contrat.
Si les engagements de l’auditionné ne sont pas respectés, le contrat actuel est rompu.
Si l’auditionné est déclaré ennemi du clan, il dispose de vingt-quatre (24) heures avant que le clan ouvre un contrat sur sa personne.
Lorsque la solution est atteinte, l’auditionné est tenu de verser la compensation promise dans le délai fixé par le contrat. Si un délai n’est pas fixé, l’audité dispose de vingt-quatre (24) heures pour verser la compensation promise. Passé ce délai, les articles 13 et 14 sont invoqués.
La compensation d’un contrat peut se faire par voie monétaire, matérielle, ou par une dette d’honneur.
L’auditionné se réserve le droit d’accepter ou de refuser la bonne exécution de la solution. En cas de refus, une audience ultérieure est tenue, conformément à l’article 9.
Est considérée comme arme tout objet pouvant tuer de façon directe et indirecte. En cas de doute, un comité de cinq (5) Pouzdani Ubice minimum doit être constitué pour déterminer de la qualité d’arme de l’objet.
Est considéré comme ennemi du clan tout individu pointant une arme en direction d’un membre du clan, de façon volontaire ou non.
Dès lors qu’un ennemi du clan est déclaré comme tel, la responsabilité de son destin est décidée par l’aîné des Pouzdani Ubice présents, à défaut par le membre du clan à la plus haute hiérarchie.
La mort d’un ennemi du clan ne constitue pas une faute à l’exécution d’une solution, peu importe son niveau de parenté avec l’audité, sauf si explicité dans le contrat.
Tout individu non-armé et ne présentant pas de menace directe à un membre du clan est considéré comme civil.
Les membres du clan doivent autant que possible préserver la vie de tout civil présent dans la zone d’action d’une solution. Par conséquent, l’emploi d’armes pouvant infliger des dommages collatéraux à des civils est interdite si la zone d’action n’est pas vide de civils.
Est considéré comme prisonnier tout individu non-armé se constituant verbalement comme tel. Une distance de cinq (5) mètres doit être respectée entre le prisonnier et toute arme avant sa capture.
Un individu armé se constituant verbalement comme prisonnier n’est pas considéré comme prisonnier.
Les membres du clan doivent autant que possible préserver la vie de tout prisonnier présent dans la zone d’action d’une solution et sont tenus de le transporter à l’avant-poste le plus proche pour interrogatoire. Par conséquent, l’emploi d’armes pouvant infliger des dommages collatéraux à des prisonniers est interdite.
Une faute grave est commise lorsque l’un des articles du code n’a pas été respecté, délibérément ou non.
En cas de faute grave, le membre du clan fautif doit être jugé par un comité de cinq (5) Pouzdani Ubice n’ayant aucun lien direct avec le fautif. Ce comité sera présidé par la Matriarche.
Les sentences pouvant s’appliquer à un membre du clan Korsnovic sont : le blâme, l’excommunication, le jugement par épreuve, l’exécution.
Le jugement par épreuve se substitue à l’ensemble des sentences listées dans l’article 29 sur décision d’un comité de cinq (5) Pouzdani Ubice, présidé par la Matriarche.
Le jugement par épreuve se définit comme l’exécution d’une solution pour le compte du clan au taux de mortalité très élevé. Si le fautif ressort de cette épreuve en vie, la faute initiale est considérée comme acquittée.
En cas d’excommunication, le fautif est interdit de contacter à nouveau tout membre du clan, sous peine d’être considéré comme ennemi du clan. Tout membre du clan est également interdit d’entrer en communication avec l’excommunié.
L’exécution d’un membre du clan pour faute grave doit être faite par voie expéditive, dont la durée ne peut excéder cinq (5) secondes.
Doctrine et tactiques
Le clan Korsnovic vise à favoriser le développement des aptitudes et de l’enrichissement personnels au sein de l’intégration au clan. Avec de larges récompenses, le respect des siens et une structure méritocrate, jugée plus juste que les états précédents, des profils variés, hétéroclites et expérimentés se sont joints à ses rangs : le clan comptait vraisemblablement parmi ses rangs des vétérans de la Campagne Dustyenne, des guerres de libération Nov, des mercenaires et gangsters de Preeton.
Les assassins du clan peuvent compter sur une panoplie moderne, un entraînement rigoureux et une flexibilité à toute épreuve. En nombre très réduit (150 assassins au début de la Guerre des Éventreurs), le clan doit toujours composer avec des forces supérieures en nombre allant de quatre à plus de quinze fois son nombre. Les assassins sont de ce fait spécialisés dans le combat urbain, la guerre asymétrique et les tactiques de choc, notamment le hit-and-run (« on entre, on tire, on sort » étant le motto de nombreux assassins, dont Sal Murderhouse.)
Le groupement tactique signature du clan est la cellule d’assassins, à laquelle est attribuée un secteur géographique ou une tâche opérationnelle. Cette cellule d’assassins compte habituellement quatre à huit assassins, menés par un Pouzdan Ubica. Bien que les profils de cette cellule soient variés, on compte généralement dans cette cellule un officier de commandement, un tireur d’élite, deux spécialistes du combat rapproché et un émissaire chargé de faire transiter les communications entre cellules.
Durant la Pax Korsnovica (1882-1897) et la guerre des Éventreurs (1897-1909), les cellules sont responsables du maintien de l’ordre et de la réalisation des contrats dans le secteur à laquelles elles sont rattachées. Rendant compte à l’Hôtel Rosenbergh ou au Manoir Korsnovic, les cellules sont indépendantes dans la gestion de ses finances, de ses contrats et de ses effectifs. Une cellule conserve la majorité de ses gains, les bénéfices étant reversés à l’entretien et l’amélioration de son équipement et/ou de ses quartiers généraux.
Pendant la guerre des Éventreurs, beaucoup de cellules autrefois actives dans les quartiers Est sont mutées à la défense des frontières et des checkpoints correspondants.
Le modèle des cellules d’assassins et leurs tactiques inspira nombre des forces spéciales contemporaines.
Origines du clan Korsnovic
Peu de sources documentées et fiables font état du clan Korsnovic avant son arrivée à Preeton. Le clan Korsnovic est originaire de l’île de la région de Muljnjak sur l’île de Perje, îles Harponneurs (Hrpnostrve, en Harponneur). La langue protocolaire pratiquée du clan est le Harponneur de Perje. Depuis les Guerres Païennes, le pouvoir en place sur l’île de Perje est féodal et non-centralisé : les seigneurs et leurs clans règnent en maître sur les territoires acquis militairement ou par le biais des alliances. Ces clans sont traditionnellement gouvernés par un Patriarche (Patrijarh) ou une Matriarche (Matrijarh). Antérieurement à 1879, le clan Korsnovic est un clan mineur de la région de Muljnjak, déchirée entre les clans Togarje, les Kukič, les Ribari et les Korsnović. Un tel contexte force les Korsnovic à s’exiler de l’île de Perje. Les survivants du clan embarquent pour Preeton, dans le continent de Desperand.
Arrivée à Preeton et premiers accrochages avec le pouvoir ducal
L’arrivée des Korsnovic se fait à bord d’un navire non homologué entre 1878 et 1879. À cette époque, la ville de Preeton et le duché éponyme est sous le contrôle impérial du Duc de Preeton, Alastair Cromwell. La ville est laissé dans un état de décadence notoire : le Duc est désintéressé du bien-être de ses concitoyens, et la garde ducale corrompue manque de moyens pour assurer ses fonctions.
Au mois des Bourgeons 1879, un rapport de la garde mentionne un restaurant tenu par une famille d’origine Harponneur pris d’assaut par des gangs rivaux. Il n’est pas état de victimes Harponneur dans ce rapport, mais la majorité des assaillants aurait trouvé la mort dans ce règlement de comptes. L’enquête est classée suite à l’interrogatoire de la famille Selic, propriétaires du restaurant.
Deux mois plus tard, au mois des Averses 1879, les chefs des gangs occupant le quartier sont retrouvés morts abattus lors de négociations de paix. Les officiers de la garde chargés de l’affaire font mention d’un modus operanti bien différent du gang commun. Quelques semaines plus tard, deux autres chefs de gang majeurs des quartiers du Port sont retrouvés noyés dans la mer Pourpre, laissant la pègre du port de Preeton sans maître apparent. Quelques témoins oculaires expliquent avoir aperçu des individus typés Harponneur près des scènes de crime, sans que l’on puisse identifier de suspect. La garde ducale ne semble pas s’inquiéter de cette suite d’événements, le commandant de la garde Edwin Teague aurait déclaré au Preeton Daily lors de son interview du 21 mois des Averses 1879 « c’est mieux ainsi, qu’ils se tuent entre eux, cela fera moins de travail pour nous ! »
L’affaire du Boucher de Preeton et décrédibilisation du Duc et de l’Empire
En automne 1879, un tueur en série commence à sévir dans les quartiers Est. Particulièrement insalubre et malfamés, le district est totalement abandonné par la garde ducale qui se contente d’agir dans le centre-ville, avec une activité réduite dans les quartiers du Port et industriels. Au début du mois de la Moisson, il est état de disparition d’enfants aux alentours de Mist Avenue puis à Blackburn Street. Aux alentours du 9 mois de la Moisson, l’épouse de la famille Shefford, Carla Shefford, est portée disparue ainsi que deux de ses enfants. Lewis Shefford et un collectif de riverains implorent l’aide de la garde ducale qui continue de refuser de poser un pied dans les quartiers Est par crainte d’une embuscade de gang. Les disparitions de femmes et d’enfants continuent et les quartiers populaires sont plongés dans l’insécurité.
C’est au début du mois de la Chute que l’on découvre les premiers corps. Un charnier est retrouvé au beau milieu de l’Est, seule l’alliance de Carla Shefford retrouvée au milieu de l’amas de chair et de viscères permet de lier cette découverte aux disparitions de plus en plus inquiétantes. Les témoins visuels relatent au Preeton Daily la violence de la scène. « C’est comme ci la pauvre Shefford et ses enfants, paix à son âme, s’étaient retrouvés sous la lame d’un boucher. » a déclaré un proche de la famille. Suite à cette une dédiée du journal au 4 du mois des Chutes, la réputation du Boucher de Preeton a explosé pour connaître la sinistre renommée internationale que l’on lui porte.
Cela a attiré les yeux de l’Empire sur Preeton, et des envoyés impériaux sont venus de tous les quatre coins de Desperand pour assister la garde ducale dans sa tâche. Rapidement, des tensions sont nées entre les agents de l’empire et la garde ducale, qui au lieu de s’entraider pour trouver le coupable derrière les meurtres en série se jetèrent des bâtons dans les roues. Les habitants de l’Est durent recourir aux gangs pour assurer leur protection. À la fin du mois de la Chute, vingt-trois disparitions de plus sont à ajouter, dont huit d’enfants. Au mois de la Brume, les chiffres communiqués par le Preeton Daily sont de dix-neuf disparitions, puis de vingt-deux au mois des Frissons. Encore aujourd’hui, le nombre exact des victimes du Boucher n’est pas connu.
Au début de l’Hiver, le 8 mois des Frissons, on aurait aperçu le Boucher de Preeton sur Belforth Road, une « figure abattant de sang froid Laura Dean », déclara une source anonyme. Le 17 du mois des Frissons, une bagarre sur Elm Street aurait été interrompue par une silhouette armée d’un couperet ensanglanté. Dans la matinée du 18, on retrouva une traînée de sang à cet endroit, mais nulle trace d’un corps. Les riverains firent le lien avec la disparition du fils de la famille Ford. À chaque nouvelle action attribuée au Boucher, les enquêtes de la garde ducale et de la police impériale échouèrent, fautes de preuve : les disparitions semblaient ne rien avoir avoir en commun ni cibler de profil particulier, hormis des femmes et des enfants. Les rares indices laissés par le tueur manquaient de teneur pour pouvoir faire progresser l’enquête.
Deux mois plus tard, le collectif de citoyens mené par Lewis Shefford, désemparé par le nombre croissant de disparitions dans les quartiers Est et le manque de résultats de la garde et des agents impériaux, lèvent une collecte et s’adressent en dernier ressort à un interlocuteur inattendu : la Matriarche du clan Korsnovic, qui dit-on serait la nouvelle puissance régnante sur le Port. La défiance envers les autorités en place et le désespoir des citoyens de Preeton explique le recours à une telle extrémité. La Matriarche leur accorda une audience et écouta leurs peines, deuils et inquiétudes. La solution qu’elle apporta au Boucher de Preeton fut unique : l’expertise de son fils, Anton Korsnovic. L’assassin accompagna le collectif pendant une semaine, en revenant sur les lieux présumés des disparitions, les lieux où les corps ont été trouvés, étudiant le cas avec « un professionnalisme encore jamais vu à Preeton », cite une source. Le Pouzdan Ubica se mit au travail. Et pendant une semaine, on n’entendit plus parler de disparition ou de meurtre dans les quartiers Est, excepté à deux reprises.
La semaine suivante, Anton Korsnovic déclara que le Boucher avait été éliminé. Il soumit un rapport au collectif de citoyens, expliquant que le tueur en série était un marchand ambulant qui revendait la viande de ses meurtres, ce qui expliquait l’absence de preuves. Le Boucher de Preeton tuait au hasard et sans motif apparent, si ce n’est une misanthropie dévorante. Suite à l’action du clan Korsnovic, les disparitions et les meurtres incombées au Boucher cessèrent. En début 1880, le clan Korsnovic cessa d’être considéré comme un gang aux yeux des citoyens de Preeton mais également du pouvoir ducal et de l’Empire.
Coup d’état et proclamation de la ville franche
Les retombées de l’affaire du Boucher de Preeton furent rapides et fulgurantes. Le 14 du mois de la Fonte 1880, la garde ducale lança une perquisition sur les quartiers généraux présumés du clan Korsnovic. Cette opération échoua. Les gardes arrivés sur place furent accueillis par des locaux vides et abandonnés, et surtout une absence complète de preuves. Cet épisode démontra l’étendue de la corruption de la garde, qui prit des mesures pour déceler les espions à la solde du clan de ses rangs, en vain. Sur le printemps 1880, 34 opérations à une échelle encore jamais vue par la garde ducale furent mises sur pied. Toutes échouèrent, dues au nombre conséquent de taupes infiltrées à tous les échelons. Aujourd’hui encore la proportion exacte de gardes corrompus est inconnues, mais les contemporains s’accordent à dire qu’au moins un garde sur cinq était à la solde du clan.
Le clan passa à l’offensive au début de l’été 1880. Une vague de démissions toucha les effectifs de la garde pendant le mois des Averses. Une centaine de gardes, pour la majorité des patrouilleurs et officiers subalternes s’accorda des « vacances bien méritées » et désertèrent Preeton. Au mois des Sécheresses 1880, le clan Korsnovic conduisit une cinquantaine d’assassinats à la fois dans les quartiers du Port, dans le centre-ville et les quartiers industriels, ne laissant que le commandant de la garde et une vingtaine d’entre eux en vie. Ces meurtres, réputés pour leur violence et leur rapidité d’exécution, furent tous sans exception revendiqués par le clan, et bon nombre d’entre eux fut signés « Le Loup des Korsnovic », Anton Korsnovic.
Ce mouvement fut largement supporté par la population de Preeton, la garde ducale ne comptant plus dans l’imaginaire collectif que comme des criminels protégés par la loi. La garde ne put compter sur aucune aide de la part des civils, et plus aucun endroit de la ville n’était sûr pour les gardes ou les partisans du Duc.
Enfin, à la Fête des Vents 1880, le 21 du mois du Feu, trois groupes d’assassins prirent le manoir ducal d’assaut, menés par la Matriarche, Anton Korsnovic et la Pouzdan Ubica Jelena Terzic. Le groupe de Jelena Terzic mena les combats dans la cour, servant de fer de lance du coup. Celui de la Matriarche encercla les entrées et sorties du manoir puis progressa à travers les étages, pendant que le groupe d’Anton Korsnovic ratissa les souterrains du manoir, à la recherche des passages secrets. Protégé par son détachement personnel de la garde, le Duc tenta de s’enfuir par les souterrains mais ces derniers furent condamnés suite à la défection d’Edwin Teague une quinzaine de minutes après le début de l’assaut. Ce dernier fut capturé par des assassins du clan une fois parvenu au port de Preeton, déguisé en pêcheur à bord d’un baleinier en partance pour Fremdburg. Le Duc Alastair Cromwell fut capturé par la Matriarche, puis fut amené à la place centrale de Pendulum Street où il confessa ses crimes envers les citoyens de Preeton puis abdiqua le pouvoir du duché en faveur de la Matriarche. Les Pouzdani Ubice lui fournirent alors un revolver chargé avec une balle dans une main, un billet de train pour la capitale de l’autre. Le Duc choisit le revolver et se donna la mort devant une foule de quarante mille citoyens en colère.
La Matriarche décréta la ville franche de Preeton le soir du 21 du mois des Sécheresses 1880, à vingt heures, un état hors des lois de l’Empire, où chacun aurait la liberté d’exister, jusqu’à ce qu’un contrat soit placé sur sa tête.
Guerre d’indépendance de Preeton
La nouvelle de la prise de Preeton par le clan Korsnovic, perturbée par les festivités de la plus somptueuse Fête des Vents célébrée à Almoor depuis 1822, ne parvint aux oreilles de la Couronne que le 30 du mois des Sécheresses. La réponse impériale fut aussi lente que maladroite : le principal effort de guerre étant concentré sur la campagne Dustyenne et le maintien de la paix avec la nouvellement établie République Nov, les effectifs militaires qualifiés et disponibles dans le Sud-Est Desperand se trouvait en nombre réduit. Le 2 du mois du Feu 1880, le 35ème régiment d’infanterie de campagne mené par le lieutenant général Liam Berkeley, stationné à Ashfold, à 160 kilomètres au nord-ouest de Preeton, fut dépêché, accompagné par le 44ème régiment d’artillerie mobile des Lands, sous la tête du colonel Peters Honningford. Un messager impérial fut dépêché au manoir Korsnovic pour transmettre un ultimatum au clan Korsnovic. Le messager fut reconduit aux portes de la ville indemne, mais sans réponse décisive du clan. Berkeley et Honningford en conclurent que le clan avait choisi la guerre.
Compte tenu de la chaleur de l’été 1880, les troupes impériales mirent huit jours à arriver aux frontières preetoniennes. Deux mille hommes prirent position et commencèrent à dresser le campement et retrancher leurs positions en vue de bombarder la ville. Profitant de la fatigue impériale, le clan Korsnovic avait disséminé des cellules de Pouzdani Ubice prêts à agir dans la campagne preetonienne. Le lendemain du 11 du mois du Feu 1880, Berkeley, Honningford et leurs proches subalternes furent retrouvés assassinés dans leurs tentes respectives. Le commandement des opérations fut repris par le jeune commandant Kelvin Hammond, qui prit la décision d’en informer aussitôt la Couronne par voie expresse tout en sécurisant les alentours de la ville.
S’en suivit une série d’escarmouches dans la campagne preetonienne entre les éclaireurs impériaux et les assassins du clan Korsnovic. Ces affrontements firent une centaine de victimes du côté de l’Empire, sans aucune information au niveau des pertes subies par le clan. Sans possibilité de progresser davantage en territoire Korsnovic et Preeton se trouvant hors de portée de l’artillerie mobile, Hammond prit la décision de retirer ses troupes et battit en retraite.
La Couronne ne se satisfit pas de cette débandade. L’état-major impérial retira le commandement à Hammond, puis dépêcha par voie ferrée le 6ème régiment du 34ème bataillon de l’Alde Garde Fremdbourgeoise, accompagné d’un détachement de Garde-Feldartillerie composé de trois batteries d’avant-garde, dirigés par le général Erik Von Gerrheim. La garde Fremdbourgeoise, forte de 6 000 troupes, arriva sur le théâtre preetonien le 17 du mois du Feu. La première action de Von Gerrheim est de positionner les batteries, puis de regrouper les troupes errantes du 35ème pour les incorporer à leurs propres rangs. Ensuite, l’Alde Garde employa une tactique de terre brûlée pour attirer les Korsnovic : en ravageant des fermes, mettant à sac des villages, en brisant la faible résistance des maquis composés de locaux et de déserteurs impériaux.
Faisant face à un ennemi plus imposant, le clan Korsnovic manquant d’équipement de qualité et surtout d’effectifs entraînés, ne put empêcher l’Alde Garde de gagner du terrain. Les bombardements de Preeton commencèrent le 25 du mois du Feu, avec 500 obus tirés par jour. La plupart des bombardements visaient les quartiers Est de Preeton, l’Alde Garde ayant eu pour directives de conserver le manoir ducal et l’appareil industriel preetonien. L’enjeu pour Fremdburg était de mettre à l’épreuve ses nouvelles armes de guerre destinées pour la conquête du Nord Dustyen, disposant d’une portée, d’une précision relative et d’une cadence de tir encore jamais vues sur un champ de bataille.
Les victimes des bombardements furent majoritairement civiles, avec plus de 57 000 victimes déplorées sur la première semaine.
Pax Korsnovica : étendue du pouvoir du clan
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