Avec la période de l’Industrialisation qui marque la fin de l’Apogée, la population de Desperand connaît un véritable exode urbain vers les pôles industriels, dont les principaux sont Fremdburg, Almoor et Preeton. Preeton, de par sa géographie et son accessibilité, est de loin le centre urbain qui bénéficie d’un plus grand taux de migration. Dépassé par l’affluence, le service public prit la décision de déplacer la plupart des travailleurs dans les quartiers Est, déjà surchargés. Cela eut pour conséquence d’augmenter la défiance des preetoniens envers toute forme de gouvernement en place et faire fleurir la criminalité dans les quartiers Est. Se trouvant être le port le plus proche de Dustya et des Îles Harponneur, Preeton devint également la plaque tournante du commerce colonial. Combiné avec les ressources abondantes de la région, notamment son fer, la ville développa son industrie métallurgique et sidérurgique trois fois plus rapidement que pour ses rivales. Avec la négligence répétée du pouvoir ducal et le manque de moyens accordés à assurer l’application de la loi, la réputation de havre hors des limites de l’Empire ne tarda pas à attirer des réfugiés et hors-la-loi en tout genre, qui pouvaient désormais entreprendre leurs activités licites et illicites en toute liberté.

Le niveau de vie à Preeton est variable en fonction des quartiers. Si les rues sont calmes et sécurisées dans le Centre-Ville, cela est moins le cas dans les quartiers du Port, plus populaires et dans les quartiers Industriels. Cependant, les taux de criminalité, d’insalubrité et de mortalité, battent tous les records dans les quartiers Est, où une majeure partie des preetoniens réside. Malgré la forte industrialisation que connaît la ville, le chômage demeure une composante ancrée dans le quotidien preetonien, en particulier dans l’Est. De 1880, il avoisine 10 à 15%. Le manque de stabilité de l’emploi est surtout présent dans les quartiers Est, car la durée de vie des commerces opérant dans cette partie de la ville est très courte, conséquence directe des constants affrontements entre gangs, dégâts collatéraux et représailles sur la population civile. L’espérance de vie à Preeton est d’environ 34 ans en 1890 dans les quartiers industriels et de l’Est. Elle est de 47 ans dans les quartiers du Port et de 55 ans dans le centre-ville.

Bien que Preeton soit un véritable comptoir commercial et qu’il s’agisse du principal carrefour culturel de tout Desperand, l’acceptation sociale des non-Natifs laisse à désirer. Les Natifs représentent 70% des habitants de Preeton (dont 60% de preetoniens ethniques, 15% de Lander, 15% de Pérançais et 10% de Fremdbourgeois) et les minorités ethniques sont de 20% de Harponneurs (dont la majorité originaires de l’île de Perje) et 10% de Dustyens (tous groupes ethniques confondus). Climat impérial depuis les défaites cuisantes essuyées contre les alliances des îles Harponneurs ainsi qu’envers les résultats non-conclusifs de la campagne Dustyenne, la population a hérité voire a amplifié son caractère xénophobe. En dehors des sphères contrôlées par les Korsnovic, la discrimination raciale opère à tous les échelons de la société et de nombreux crimes discriminatoires sont commis tous les jours, notamment dans l’Est.

La monnaie courante à Preeton est la Livre impériale (£), monnaie universelle dont le cours est indexé sur le cours de l’or.

Une livre impériale se sous-divise en vingt shillings, appelés parfois « Bob ».

Une table des prix en vigueur en 1890 s’effectue de la façon suivante :

Pour un citoyen ordinaire qui ne dispose pas de la protection effective d’un gang (ou du clan Korsnovic), il est avisé de ne circuler dans les rues qu’entre 7 heures et 22 heures, de ne laisser paraître aucun signe ostentatoire de richesse, de ne pas attarder son regard sur qui que ce soit, d’éviter de circuler hors des grands axes, de veiller sur tous ses objets de valeurs, de garder à portée de main une arme de poing de ne pas marcher seul dans la rue, et surtout de ne pas s’arrêter en cas d’interpellation.

Il a été prouvé qu’une femme a tout autant de chances qu’un homme de subir une mauvaise rencontre dans la rue à Preeton. Ces chances sont accrues pour les individus typés Harponneur et Dustyens.

Preeton est tristement célèbre pour sa criminalité sans borne. Les gangs pullulent et sont parfois encouragés. Cela est entré dans les mœurs preetoniennes depuis l’époque ducale (voir article), à tel point que chaque ménage de Preeton est en contact direct comme indirect avec les activités d’un gang chaque semaine. Dépendant du quartier, la liste des délits et crimes commis par chacun des gangs peut s’étendre de la simple extorsion en échange de protection, au proxénétisme, trafic d’armes et d’alcool, recel d’objets volets en passant par les règlements de comptes fréquents et les représailles sur la population locale.

Beaucoup de jeunes sont tentés par l’appel de l’argent facile et les difficultés de l’existence survenus à l’adolescence. Souvent introduits par des camarades de leur âge, l’effet de groupe est un fléau qui fait exploser la délinquance juvénile, chargée des vols à la tire, du vandalisme et de la récolte de fonds des extorsions. Une tactique populaire est d’envoyer un groupe de jeunes demander des fonds à un riverain ou un commerçant, prétextant garantir la sécurité de son foyer ou de son fonds de commerce. En cas de refus, le groupe procède soit à la dégradation des locaux, soit à l’appel d’un camarade plus âgé du gang qui vient menacer la victime. Si l’âge d’entrée dans une bande est d’environ 7 à 8 ans, l’âge moyen d’un gangster preetonien est de 17 ans.

Dans le quartier du Port et dans le centre-ville, la plupart des gangs sont tenus sous contrôle par le clan Korsnovic, qui régule le domaine d’activité des gangs, les considérant plus comme des partenaires commerciaux qu’à des criminels. Dans les secteurs contrôlés par le clan, les gangs peuvent s’apparenter à des entreprises licites.

Dans les quartiers industriels, neutres au pouvoir des Korsnovic, le crime est régulé par le gang des Mécanos, qui tirent leurs principales recettes du commerce d’armes fabriquées dans leurs ateliers. Les Mécanos font office de pouvoir représentatif, assuré par ses membres et au services de la population des quartiers industriels.

Dans les quartiers Est, la population civile est laissée à la merci du pouvoir des gangs, qui organisent leur loi dans la violence et l’impunité les plus totales. Pour la plupart des foyers, il s’agit d’une situation acquise par nécessité et non par choix, et les non-combattants (population non impliquée dans les activités d’un gang) sont bien souvent les premières victimes des exactions entre les différentes factions criminelles de la ville.

Depuis 1897, une alliance de plusieurs gangs (notamment les Vaughn Meathooks, les Backstreet Butchers et les Screechers) baptisée Éventreurs vit le jour, avec pour objectif principal l’élimination des Korsnovic. Bien que largement désordonnée dans sa mise en place et malgré la brutalité chronique de ses membres, l’alliance des Éventreurs se voua également à stabiliser ses territoires en réduisant l’influence des gangs mineurs, en les intégrant à ses rangs ou en procédant à son extermination pure et simple.